J´ai caché ma colère au fond de votre oubli
Votre peur de l´hiver dans l´espoir des printemps
Mais quand l´un meurt de faim et l´autre de l´ennui
J´ai grand peine à trouver un futur aux enfants.

Je vais toucher bientôt la fin de mon été
Et les premières pluies chasseront ma mémoire
Je n´ai rien fait pour ceux au regard effrayé
Qui frappaient au carreau, pieds nus, seuls dans le noir.

Dans le noir de la nuit la solitude nue
A le goût de la mort au détour d´un chagrin
Ne laissons pas pleurer les enfants dans la rue
Ne laissons pas l´amour se plaindre de la faim.

Pour ceux qu´on assassine au fond de leur cachot
Qu´on découvre un matin suicidés dans le dos
Je n´ai rien engagé, ni vous, ni vos amis
Et j´ai froid maintenant d´être mal dans ma vie.

On fête l´amitié au "Café du commerce"
Le cœur entre deux vins bien calé dans l´oubli
Et l´on parle d´amour et la fumée nous berce
Mais demain comme hier sera tout aussi gris.

Et moi pauvre chanteur qui ne tend plus les mains
Qui se donnait l´espoir d´un meilleur lendemain
Je vais laisser ce soir ma parole au silence
Pour supporter de front la mauvaise conscience.